Une Parodie des Artistes, 22 avril 1988

Bienvenue à la fondrière de mon existence.

J’attends mon propre chef d’oeuvre. Je me casse la tête en essayant de retoucher mon caractère. J’essaie de camper mon personnage, mais c’est un livre épuisé. Je veux devenir un roman policier, mais je manque d’intrigue. Si j’étais dramaturge, je pourrais créer une pièce, la critique, et la bâcler sans inquiétude. Si j’étais un poète qui pouvait pondre de la poésie, je gagnerais le respect du monde entier.

Mais maintenant, je me moque du monde. J’embarrasse de questionner les pauvres passants qui font toujours le train-train le lundi matin. Je les trouve laids, et je me trouve mal. Ils ramassent des livres qu’ils ne comprendront jamais. Tout à coup, j’ai le désir brûlant de fermer les coffres noirs des bouquinistes sur leurs doigts. Je veux démolir tous les trésors du bourgeois ordinaire et, alors, prendre un café sans sucre et lire les journaux de la gauche aux prisonniers.

C’est le premier acte de ma représentation de la mort du païen. Après, je danserai parmi les marguerites et la menthe poivrée dans les champs. J’aiderai les spectateurs à louer leurs places en enfer. Le grand Satan me donnera un pourboire formidable. Tous mes admirateurs applaudiront mon grand succès en criant, “Bravo! Monsieur le chef de l’angoisse perpétuelle!”

Je ne suis pas du tout musicien. Je ne connais que les chansons du désespoir interminable. Je n’interprète aucun morceau de musique. Je joue uniquement du clavecin, et j’en joue bien. Je donne souvent des récitals pour mes mignons amis rouges. Ils aiment mieux que je fasse toutes les fausses notes. J’ai la plus grosse voix caverneuse du monde souterrain. Mes petits demons m’accompagnent au sacré concert.

J’aime mieux peindre à l’huile les natures mortes. Les servantes de Méduse preferent ma facture. Elles disent que ma facture est gauche. Je leur réponds “Merci. Allez-vous-en.” La fraude, la douleur, le mépris, l’avidité: Tous sont sur ma palette. Je peins à la misère toutes les pauvres âmes au côté d’ouest de New York. La toile—elle montre mon travail—elle est couverte de sang. Je suis l’incarnation du péché. Je suis le provocateur sacré du culte du diable. Je suis Beëlzebub.

Je suis la nourriture des despotes. Je me pavanerai aux plumes rouges et brillantes jusqu’à la fin du temps.

One thought on “Une Parodie des Artistes, 22 avril 1988

Leave a comment